Hypersensibilité de type IV
(HS RETARDEE - HS A MEDIATION CELLULAIRE)
I. Introduction :
L’hypersensibilité retardée (HSR) s’oppose aux autres types d’hypersensibilité retardée par deux caractères :
· l’injection
intradermique de l’antigène à un individu sensibilisé entraîne
l’apparition d’une réaction locale qui se manifeste entre la 24ème et la 48ème heure,
· le
transfert passif d’un sujet sensibilisé vers un sujet neuf se fait par
les cellules mais non par le sérum. Il s’agit d’une HS à médiation
cellulaire.
Quatre
types d’HSR sont actuellement reconnus. Les trois premiers types, celle
de Jones-Mote, l’HS de contact et l’HS de type tuberculinique se
manifestent 72 heures après une autre stimulation par l’antigène (Ag).
Par contre le 4ème type d’HSR, la réaction granulomateuse ne
se développe au contraire qu’après 2 semaines. La situation peut être
compliquée par le fait que ces 4 formes d’HSR peuvent, soit se
chevaucher, soit se succéder dans le temps à la suite d’une nouvelle
stimulation antigénique. C’est pourquoi, les réactions d’HSR observées
en pratique ne correspondent pas à une seule catégorie.
Les
différents types d’HSR sont distingués les uns des autres par la nature
de la réaction produite par l’application de l’Ag. L’amplitude de la
réaction chez l’animal est estimée par l’évaluation de l’épaisseur de la
peau au niveau du site de la réaction.
Le
type de réaction qui se manifeste en premier est celle de Jones-Mote
dont le maximum se situe à 24h. Les HSR de contact et de type
tuberculinique se manifestent 48 à 72h. Après contact avec l’Ag Ces
dernières peuvent être suivies d’une réaction plus retardée caractérisée
histologiquement par une agrégation et une prolifération de macrophages
formant ainsi des granulomes qui peuvent persister des semaines. La
réaction granulomateuse est considérée par ses conséquences cliniques
comme de loin la plus sérieuse de tous les types d’HSR. Les catégories
d’HSR., en dehors de leur temps d’apparition et du degré de la
tuméfaction, se différencient également par d’autres caractéristiques.
II. Hypersensibilité de type JONES-MOTE :
Elle
se caractérise par une infiltration sous-épidermique de cellules en
majorité des polynucléaires basophiles. C’est ainsi qu’elle est
également connue sous le nom d’HS cutané à basophiles. Elle est induite
par des antigènes solubles. La réaction cutanée est maximale 24 heures
après le contact avec l’Ag. Sa révélation nécessite des quantités
importantes d’Ag La réaction disparaît avec l’apparition des Ac. Cette
réaction se distingue de l’HSR de type tuberculinique par les critères
suivants :
· La
stimulation se fait en présence d’adjuvant incomplet de Freund (AIF).
L’utilisation d’adjuvant complet de Freund (ACF) conduit à une réaction
de type tuberculinique.
· L’infiltration cellulaire est riche en basophiles. Peu de basophiles sont rencontrés dans la réaction de type tuberculinique.
. Une réaction dite
pseudo-tuberculinique, dont le déroulement est plus tardif est observée
après sensibilisation avec un antigène comme l’ovalbumine en présence
d’A.I.F précédée d’un traitement à la cyclophosphamide. On peut conclure
que la réaction de type Jones-Mote est fortement régulée par des
lymphocytes sensibles à la cyclophosphamides : les cellules T
suppressives.
III. Hypersensibilité de CONTACT :
Elle
est caractérisée cliniquement par l’apparition d’une lésion eczémateuse
au niveau du site de contact avec l’allergène 48 heures après. La
lésion est caractérisée par une infiltration par les cellules
mononucléaires apparaissant à la 6ème - 8ème heure
puis atteignant un maximum à 12-15 heures. Puis l’oedème prend place
avec la formation de microvésicules. Il faut noter l’absence de
neutrophiles. La réaction est accompagnée d’une infiltration par un
grand nombre de leucocytes dans le derme.
Il
s’agit d’une réaction épidermique où les agents sensibilisants
(allergènes) sont des haptènes comme les sels de chrome (ciment), de
nickel, de cobalt, de mercure ou certains composés chimiques de petits
poids moléculaire (< 1000 Da) comme les acrylates ou des produits
entrant dans la composition des gommes et autres caoutchouc, des colles,
peintures, pesticides, cosmétiques. Certains médicaments ne sont pas en
reste comme certains anti-inflammatoire.
Ces
haptènes pénètrent dans la peau puis se combinent de façon non
covalente ou non avec les protéines normales de l’organisme. Le conjugué
devient alors sensibilisant. La reconnaissance cellulaire du conjugué
est spécifique du couple haptène-carrier. Cette reconnaissance est
indépendante de la reconnaissance de la reconnaissance conventionnelle
haptène-carrier impliquée dans la production d’Ac.
L’HSR
de contact est une réaction surtout épidermique (contrairement à la
réaction tuberculinique qui est plutôt dermique). Les cellules
présentant l’Ag sont les cellules de Langerhans : cellules dendritiques
exprimant l’Ag CD1 et des Ag du CMH de classe II et pouvant recirculer.
Les cellules de Langerhans quittent l’épiderme et passent dans la
circulation lymphatique où elles se transforment en cellules voilées.
Les voilées transportent l’Ag par les vaisseaux lymphatiques afférents
jusqu’au parcortex du ganglion lymphatique régional où elles se
transforment en cellules interdigitantes qui vont présenter l’Ag au lyT
CD4+ mémoires (lyT CD45RO+) après dégradation du complexe
haptène-protéine. Les lyT activés vont synthétiser des cytokines dont
l’IL-2 et l’IFNg
et vont parallèlement exprimer le récepteur à l’IL-2 qui en
interagissant avec la cytokine induit la prolifération des lymphocytes
T.
Par ailleurs l’IFNg et le TNFa
produits, induisent l’expression des molécules d’adhésion à la surface
des cellules endothéliales des capillaires du derme, 24 à 48 heures
après l’application de l’Ag.
Les
lymphocytes migrent vers le site de la réaction via la lymphe et
passent dans l’épiderme grâce à l’intervention des molécules d’adhésion
mais également sous l’effet chimiotactique de cytokines en particulier
de l’IL-8.
Les
infiltrats dermiques et épidermiques s’accentuent pour atteindre un
maximum entre 48 et 72 heures. La plupart des lymphocytes sont de
phénotype CD4+, et à un moindre degré CD8+. Au delà de 72 heures,
interviennent des macrophages, qui après recrutement, vont atténuer la
réaction inflammatoire en synthétisant entre autre de la prostaglandine
PGE2 qui inhibe production d’IL-2 et d’IL-1. Ces macrophages attirés
sont retenus au site de la réaction inflammatoire grâce au MIF produit
par les lyT activés.
IV. Hypersensibilité de type TUBERCULINIQUE :
C’est
la forme la plus classique d’HSR. Un sujet contaminé par le bacille de
Koch (BK) ou vacciné par le BCG se sensibilise vis à vis des
constituants du germe : c’est la phase d’induction de l’HSR qui demande
quelques semaines pour s’établir. On peut alors tester l’HSR de la façon
suivante (phase d’expression) : un extrait de BK (0,1mg
de tuberculine) est injecté par voie intra-dermique ; on observe au
point d’injection une réaction d’HSR à la tuberculine. Cette réaction a
les caractéristiques suivantes : elle se traduit par un érythème et
surtout une induration palpable, associés à des phlyctènes voire à une
nécrose centrale si la réaction est très intense ; elle ne se manifeste
que 24 heures après l’injection (d’où sa qualification de retardée) pour
être au maximum au bout de 48 à 72 heures. C’est ce retard d’apparition
après l’injection test qui permet de la distinguer de la réaction
d’Arthus. Une biopsie montrerait, à partir de la 12ème heure,
une infiltration du derme par des cellules mononuclées (lymphocytes,
lymphoblastes et macrophages) sans polynucléaires (du moins après 24
heures). En même temps il y a formation de dépôts importants de fibrine
autour des infiltrats périvasculaires Les ganglions régionaux peuvent être hypertrophiés et présenter une hyperplasie des zones thymodépendantes (zones
paracorticales). Ce type d’HSR peut être induit par de nombreux autres
antigènes microbiens mais également non microbiens.
L’évolution d’une HSR de type tuberculinique vers une réaction granulomateuse dépend de la persistance de l’Ag dans les tissus.
V. Hypersensibilité GRANULOMATEUSE :
Elle
est considérée cliniquement comme la forme la plus importante d’HSR.
Elle résulte de la présence persistante d’Ag dans les macrophages,
souvent des microorganismes que ce dernier est incapable de détruire.
Parfois le mécanisme peut être dû à la présence d’immuns complexes comme
dans l’alvéolite allergique par exemple. Le processus résulte de la
formation de granulome à cellules épithélioïdes.
Comme
pour les agents infectieux, la formation de granulomes immunologiques
peut également se produire après sensibilisation au zirconium et dans la
sarcoïdose.
Les
granulomes sont également produits à la suite de certains stimuli non
antigéniques tel le talc. Ces granulomes non immunologiques se
distinguent par l’absence de lymphocytes dans la lésion.
CARACTERISTIQUES IMPORTANTES DES 4 TYPES D’HSR
Mj / Mo : macrophage/monocyte
L’HS granulomateuse est marquée par la présence de cellules caractéristiques que sont les cellules épithélioïdes : grandes cellules aplaties avec un réticulum endoplasmique développé. L’origine de ces cellules n’est
pas bien connue. On pense qu’elles dérivent du macrophage. Il faut
également noter la présence de cellules multinucléées géantes (Langhans
cells), suite à la fusion de cellules épithélioïdes. Ces cellules
géantes ont un réticulum endoplasmique peu développé ainsi que des
mitochondries et des lysosomes en voie de dégénérescence. Pour ces
raisons on pense que ces cellules constitueraient une étape terminale de
différenciation des monocytes-macrophages. La zone centrale de la
réaction devient un foyer nécrotique qui sera envahi par la fibrose.
VI. Réactions cellulaires dans L’HSR :
Les
réactions d’HSR sont initiées plutôt par les cellules que par les Ac.
Landsteiner et Chase ont montré en 1942 que la réaction d’HSR est
transférée à un individu non sensibilisé par les lymphocytes. La
démonstration du rôle des lyT dans la réaction tuberculinique est
représentée dans la figure ci-après. De façon analogue, les lyT sont
responsables dans l’initiation des autres types d’HSR. Les lymphocytes
interagissent avec le macrophage par l’intermédiaire des lymphokines.
Le
rôle le plus important de ces lymphokines est d’activer les macrophages
et de les attirer vers le site réactionnel pour amplifier la réponse
locale. Ce rôle des lymphokines est plus étendu encore.
Un
des tests utilisés pour tester la réactivité des cellules T vis à vis
d’un Ag consiste à mesurer la production du MIF (macrophage migration
inhibition factor).
Un
autre test consiste à mesurer la transformation lymphocytaire
(T.T.L.) : les lymphocytes T sensibilisés mis en présence de l’Ag
répondent par une transformation lymphoblastique. Cette trtansformation
lymphoblastique est accompagnée d’une synthèse de DNA. Cette synthèse de
DNA est mesurée par le taux de thymidine tritiée incorporée (voir
figure).
VII. Réactions de défense et maladies en rapporte avec L’HSR :
Les
mécanismes d’immunité à médiation cellulaire accompagnent probablement
toutes les infections mais ne se manifestent nettement que dans les
infections chroniques (tuberculose, lèpre, listériose...)
La nature des réactions immunologiques dépend non seulement de la localisation de l’Ag mais aussi de sa nature :
· Dans
les infections à germes pyogènes : streptocoques, staphylocoques,
pneumocoques, méningocoques, hemophilus influenzae. Prédominance des
mécanismes de défense humorale. Ceci est prouvé par l’effondrement de la
résistance à ces germes dans les carences immunitaires relevant des
lymphocytes B et des immunoglobulines. Carences observées
physiologiquement chez le bébé entre3 et 6 mois après la naissance.
· Dans
le cas d’infections avec libération d’exotoxines : diphtérie, tétanos,
botulisme. Le rôle des Ac est prédominant. Formation d’immuns complexes
toxiques rapidement éliminés par phagocytose.
· Dans
les infections à germes Gram négatif intracellulaires, à bacille de
Koch, à bacille de Hansen, infections à virus, dans les mycoses (surtout
candidoses), dans les infestations parasitaires (helminthes,
protozoaires) : les mécanismes d’immunité sont à médiation cellulaire.
Les arguments sont fournis par les images histologiques, par les
réactions aux immunosuppresseurs et par les carences immunitaires avec
insuffisance thymique.
¨ Dans les infectiobns virales ou après vaccination à base de virus inactivés :
La
stimulation des lyT provoque en plus la libération d’interféron. Dans
les viroses, les 2 mécanismes immunologiques, immunité humorale et
immunité cellulaire interviennent. Les mécanismes immunitaires
antiviraux semblent surtout liés à la défense cellulaire. Les IgA
sécrétoires agiraient contre les virus infectant les muqueuses
respiratoires, gastro-intestinaless et uro-génitales. Elles apparaissent
tant après infection virale qu’après vaccination avec un virus atténué
(vaccin anti-polio buvable par exemple) ; les IgM apparaissent dans
certaines viroses (mononucléose infectieuse par exemple)
¨ Dans
les mycoses : il existe également des mécanismes humoraux et des
mécanismes cellulaires. Ces derniers semblent prédominer. Dans certains
cas, il y a formation de granulomes.
Les
mycoses les plus courantes sont provoquées par Candida albicans,
Aspergillus fumigatus, coccidies, tricophytes et épidermophytes. Ces
infections sont favorisées par l’antibiothérapie, les maladies
lymphoprolifératives, par l’absence d’immunité à médiation cellulaire et
par les immunosuppresseurs.
¨ Infections par les parasites et les helminthes : l’inefficacité fréquente de la réponse immunologique est attribuée à :
* La possession par le parasite d’Ag d’hôte
* L’existence d’Ag solubles circulants bloquant les Ac
* La variation antigénique continue lors des phases du cycle de développement
Pour
les protozoaires : amibes, Plasmodium, Trypanosomes, Giardia,
Toxoplasmes : il y a généralement une réaction de type humorallorsque le
parasite se trouve dans le sang et une réaction de type cellulaire
lorsqu’il est présent dans les cellules.
Pour
les métazoaires : Ascaris, Taenia, Douve, Trichinelle : on trouve
simultanément des réactions humorales et cellulaires. Des granulomes
peuvent se former. Dans les infestations à helminthes, on trouve untaux
élevé d’IgE ainsi qu’une éosinophilie. Ce fait explique que dans
certains cas la parasitose s’acompagne d’asthme, de prurit, d’urticaire.
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dimanche 3 février 2013
Hypersensibilité de type IV ( HCA
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